Complètement Barge ! Nouveautés Planteray & Stade’s Rum 2025

Amarrée fièrement à Issy-Les-Moulineaux (comprenez, sud-ouest de Paris), la Barge 166 est bien plus qu’un bateau : c’est un chai flottant, permettant un vieillissement dynamique aux plus de 1500 mini-fûts (de 28L, principalement du rhum & du cognac) stockés dans la cale, et rangés sur un ingénieux système de racks breveté.

Pour les plus passionnés, sachez qu’il vous est possible d’acheter un fût, choisir son toastage, et le jus que vous souhaitez y mettre, en vue de le faire vieillir sur le bateau. Vous pourrez ensuite le gouter régulièrement puis le récupérer pour le mettre en bouteille.
Une expérience unique relativement accessible ! Pour plus d’infos, rdv sur le site.

A l’étage, le bois et le métal créent un espace qui respire l’authenticité et la créativité. Alexandre Gabriel et ses équipes ont créé un univers tourné vers les spiritueux où le cognac Ferrand côtoie les rhums de chez Planteray, mais également le gin Citadelle, et… désormais, la marque Stade’s Rum !

Invité (grand merci à Carole) par les équipes à passer une demie-journée sur cette jolie péniche pour y découvrir les nouveautés de Planteray Rum, j’en ai profité pour faire le tour des installations, déguster un bon cocktail au cognac avec le copain Arthur et assister à une dégustation en petit comité avec Alexandre Gabriel himself.
Vous connaissez mon avis sur ce personnage haut-en-couleurs, je pourrai passer des heures à écouter ses histoires, lui qui décrit si bien les spiritueux, les lieux magiques où il a voyagé, et surtout les équipes qui l’aident à créer ces fabuleux produits. A force de l’écouter en masterclass 2 fois par an, je commence mine de rien à situer une bonne partie de l’équipe, c’est assez amusant 😁.

Si la dernière création emblématique de Planteray est un Navy Rum nommé « Mister Fogg » (le batch #2 est désormais dispo, et le livre en français bientôt traduit) il y avait également une surprise de taille qui nous attendait sur la table : les deux premières cuvées de Stade’s Rum.

Pourquoi Stade’s Rum, et quelle différence avec Planteray ?
Un peu de contexte : la WIRD (West Indies Rum Distillery) est la distillerie historique située à Blackrock, à la Barbade, fondée en 1893 par George Stade. Depuis 2017, la Maison Ferrand l’a acquise, ce qui lui donne un contrôle direct sur une partie de la production de ses rhums. C’est à la WIRD que sont produits les rhums destinés à plusieurs marques (dont Planteray) et désormais aussi la marque Stade’s. 
Cette nouvelle marque (libérée d’anciens contrats historiques) est un hommage à George Stade : ingénieur, inventeur et passionné de rhum, il a amené les premières colonnes de distillation sur l’île, et compte plus de 40 brevets techniques à son nom. Un personnage qui a forcément façonné le rhum de son époque.

Les créations de Stade’s devraient se différencier de Planteray sur plusieurs plans :
– Stade’s utilisera principalement d’anciens alambics, notamment le Old Gregg & le Vulcan (récemment retapé), et une vieillissement tropical. Une vrai ode à la Barbade, avec beaucoup de caractère.
– Planteray continuera de créer des jus originaux, à faire la part belle au double vieillissement (notamment en fût d’ex-cognac), et à sélectionner (puis affiner) des jus d’autres distilleries. Un style plus large, et des expériences uniques (à l’image des nouveaux Singles Cask 2025 dont je vais vous parler ci-dessous).

Bref, vous avez désormais le contexte de cette journée, et les clés pour comprendre ces dégustations diamétralement différentes. On y va !

A noter, mon nez m’a fait un peu défaut en ce lundi pluvieux, trainant un fond de rhume 🤧 une deuxième passe au Whisky Live sera surement nécessaire pour certaines références que j’ai eu plus de mal à appréhender. De plus, ça ne reste qu’un avis à chaud, il conviendra de vous faire le votre.

Planteray Single Cask Premium 2025

Planteray Panama 2019 – White Port – 44.6%
4 ans en fût de bourbon, 4 mois dans un fût Ferrand, puis 18 mois dans un fût de Porto Blanc, à 6g/l de sucre.

Une belle mélasse du Panama, des notes caramélisées au milieu des fruits secs, quelques notes herbacées, et du poivre blanc. La fin de bouche rappelle un peu plus les raisins secs, et les petites épices.
C’est plutôt simple, mais gourmand et pas dénué d’intérêt.

Planteray Barbados 2018 – Apricot Liqueur 48.6%
Une mélasse de la WIRD, 3 ans en fût de bourbon, 2 ans 7 mois en fût Ferrand, et 1 an 3 mois dans un fût de liqueur d’abricot. J’avoue que sur le papier c’est assez intrigant, et c’est le genre de fruits que j’apprécie aussi bien dans le rhum que dans le whisky… voyons donc.

Il y a un bon côté tarte à l’abricot, c’est indéniable, mais également de la poire, des amandes.. une vraie petite patisserie, si ce n’est une légère odeur qui m’a dérangé au nez, sans savoir mettre le doigt dessus.

Planteray Paraguay 2018 – Chardonnay Wine 49.1%
Une mélasse de chez Fortin (souvent très quali) qui passe 4 ans en fût de bourbon, 1 an 2 mois en fût Ferrand, puis 1 an et 8 mois en fût de Chardonnay. Les esters montent un peu (>100 g/hL) tous comme les composés volatiles (n’oubliez pas qu’il n’y a pas que les esters qui donnent du goût hein).

Sur le papier je ne suis pas fan des fûts de vin dans le rhum (ni des fûts de whisky d’ailleurs), mais là j’ai été assez bluffé. Une belle mélasse, des fruits à gogo, notamment orange, banane, fruits rouges, quelques épices, du poivre blancs, et un bois de chêne qui semble sortir de l’ordinaire ! Fort sympathique.

Planteray Dominicain Republic 2014 – PX Sherry 48.8%
Un jus de canne ! 8 ans ex bourbon, 1 an Ferrand, 2 ans en fût de Pedro Ximenes Sherry, et 6 g/L de sucre.

Un chouillat too-much sur le café et le chocolat peut-être, mais les épices lourds, le tabac et le cuir devraient attirer l’attention des amateurs de ce style.

Planteray Barbados 2017 – Marsala Wine 48.5%
Une mélasse de la WIRD, 3 ans en ex-bourbon, 2 ans 8 mois en Ferrand, 2 ans 2 mois en fût de Marsala.

Ultra gras, très fruité, un bon morceau de chocolat et des épices. Un profil pâtissier très riche !

Planteray Jamaica 2013 – Madeira Wine 52%
Mélasse de chez Clarendon, 3 ans en fût de bourbon, 6 ans 8 mois en fût Ferrand, et enfin 2 ans 2 mois en fût de Madère. Avec un taux d’esters à 63 g/hL, ça s’annonce plutôt pépère.

Papaye, ananas, abricot, caramel au beurre salé, et un soupçon d’épices. Très cool.
Définitivement low-ester, mais vraiment très bon. Le rhum parfait pour se détendre en semaine ?

Planteray Paraguay 2014 – Highland RYE Whisky (BarrelSwap x Arbikie) – 46.5%.
Encore une mélasse de chez Fortin, mais cette fois un fût de Whisky Arbikie Highland Rye est venu finir le travail pendant 10 mois (après 8 ans en fût de bourbon, et 2 dans un fût Ferrand). Je ne connais pas Arbikie, donc j’y vais à l’aveugle, et si je n’aime pas trop les finish whisky dans le rhum, j’ai eu une belle expérience de blend d’un Rye avec un rhum agricole de Guadeloupe récemment, et qque chose me dit que ça pourrait bien le faire.

Trop cool, ca match ! Surement mon petit coup de coeur du line-up.
Miel, fruits exotiques, épices, une belle orange amère, des notes de gingembre, et des céréales à gogo qui se mêlent à de beaux épices (girofle). Le mix est étonnant, et fonctionne très bien à mon goût. Je conçois que certains pourraient être déstabilisés, mais bon, chacun ses gouts ! A noter également les 400+ g/hL de composés volatiles, ça manque pas de goût cette petite expérience. Clairement une bouteille que je viendrai gouter à nouveau en vue d’un achat 😉.

Planteray Trinidad 2016 – Armorik Whisky (BarrelSwap) – 44.3%.
Mélasse de chez TDL, 3 ans en ex-bourbon, 5 ans chez Ferrand, 10 mois en fût de whisky Armorik – marque de la distillerie de Warenghem, clairement dans le top des whiskys français du moment à mon sens. 590g/hL de composés volatiles, 100+ esters.. Ca s’annonce pas mal cette affaire.

Pomme acidulée, fruits rouges du TDL dans sa jeunesse, une belle salinité, et une petite touche d’amandes.
Je reste un peu sur ma faim, c’est très bon, mais peut être un peu « simple » (ou alors je bois trop de TDL et je deviens un vieux blasé de la vie, c’est vous qui choisissez). J’y reviendrai pour confirmer cet avis, n’empêche que ça fonctionne bien.

Planteray Fiji 2017 – Pauillac Wine – 48.3%
Une mélasse de la Rum Co. of Fiji avec une fermentation un peu plus longue (4-5 jours) que la moyenne. 3 ans en fût de bourbon, 1 an 4 mois dans un fût Ferrand, et 3 ans 6 mois dans un fût de Pauillac.

Clairement pas emballé sur le nez, j’ai beaucoup de mal à trouver mes repaires (le vent sur la terrasse n’aide pas forcément non plus). Une touche de vanille, de chocolat, quelques fruits rouges, et une finale assez courte finalement. Sans doute celui qui m’a le moins plût, mais je serai curieux d’avoir d’autres avis.

Planteray Fiji 2009 – Kilchoman Peated Whisky (BarrelSwap) – 55.2%
9 ans en ex-bourbon, 2 ans 4 mois en Ferrand, et… 4 ans + 6 mois en fût de Kilchoman ! Un peu plus de 100 esters g/hL. Voyons voir si ce beau Kilchoman (je suis assez fan de leurs whiskys) a atomisé le rhum de Fiji (ou pas) ?

Oui et non. Certes la tourbe prédomine, les malts se font bien sentir, mais les notes de pommes, le côté pâtissier, et surtout le côté empyreumathique du Fiji (un marqueur assez notable de cette destination) semblent bien matcher. Un petit côté goudron, des notes de viandes fumées – à la limite de me rappeler un mezcal – qui ne vont clairement pas plaire à tout le monde, mais finalement qui m’ont bcp séduit.
Coup de coeur numéro 2! Ca tombe bien, j’ai écris juste au dessus que je n’appréciais pas trop le rhum en fût de whisky tourbé… hum hum, Alexandre a encore su se jouer de moi !

Une gamme peu estérisée, mais pleine de goût. Une invitation au voyage, au travers d’expériences marquantes et vraiment réussies. Entre 60-100€ PVC pour chacune des références il me semble, de quoi s’aventurer en terres inconnues de manière très raisonnable. Une belle initiative de Planteray que de continuer à proposer des choses accessibles (surtout en ce moment).
Bref, très sympa ces nouveaux Planteray Single Casks Premium 2025. A vous de vous y essayer !

Planteray Cellar Prestige 2025

3 nouvelles références issues du catalogue Itinéraires de La Maison du Whisky, qui mettent toutes leur compte d’age en avant (d’habitude on met plutôt le millésime). Des bouteilles un peu plus « sobres », et assez classes.

Planteray Haïti 15 ans – 2010 – 40.5%

Un pur jus de canne avec un finish en fût de cognac bien entendu !
Fruits exotiques, notes médicinales, réglisse et pointe de gingembre il me semble, c’est plutôt harmonieux, ça glisse tout seul.. et surement un peu trop vite. C’est gourmand mais très léger en alcool, et puisque j’attaque ces 3 rhums après Stade’s en réalité, la différence de punch est flagrante.

Planteray Trinidad 25 ans – 2000 – 56.4%

Egalement en ex-cognac cask. Un nez plutôt fermé, ou alors mon rhume me joue des tours. Des notes minérales, une légère pointe de fruits exotiques.
En bouche, pas de doute, on est bien sur un TDL : plutôt sage, pas trop heavy. De beaux fruits, notamment de la mangue & de la pêche, une pointe de menthol, de petits épices assez doux, et une pointe de cardamome ? Une finale de longueur moyenne, assez fraiche, un alcool parfaitement intégré.

Un profil qui ne m’a pas chamboulé, mais franchement goûtu. Je pense qu’il trouvera facilement son public et pourrait intriguer, puisque j’y ai également trouvé quelques marqueurs floraux que je n’avais pas forcément trouvé dans d’autres TDL. Je compte bien y revenir pour confirmer cette bonne impression.

Planteray Grand Arome 20 ans – 2005 – 57.5%

En provenance de Savanna bien entendu, qui d’autre pourrait sortir ce jus ?
Je n’ai malheureusement pas pu déguster celui-ci, faute de temps, mais j’irais sans faute WLP ce WE.

Stade’s Rum & Autres nouveautés

A l’heure où je vous parle, je suis très emballé par Stade’s Rum, mais l’avant première du WLP viendra confirmer cette impression, et compléter mes notes de dégustation. Je viendrai rééditer cet article au plus vite la semaine prochaine! De même pour le Hogo Monster, bombe barbadienne à 2000+ esters.

Parmi les autres nouveautés, je reviens sur ce Planteray Mister Fogg (batch #2) dégusté en avril lors de la masterclass et désormais disponible. Il sort au réel degrés du Navy Rum, c’est à dire 55.7% (n’hésitez pas à aller consulter Alexandre ou à récupérer le livre à noël pour en savoir plus).

A noter, ce batch #2 contient 10% de rhum de l’Ile Maurice, intrigante idée ! Il complète un blend issu de la Jamaique, la Barbade, le Guyana, et bien sûr, Trinidad.
De belles notes de coco, d’ananas, d’épices. En bouche, une texture ronde & ample, qui m’a rappelé une petite pate à crêpe comme la faisait ma grand-mère. La bouche suit bien le nez, avec en complémenter quelques notes herbacées, de la fête de cacao, et de l’orange. 49€ PVC, c’est clairement une bouteille qu’il vous faut!

Egalement de sortie :

• Le Gin Citadelle Bajan (tout simplement le surnom donné aux habitants de la Barbade, ), nouveauté très puissante aux arômes de pamplemousse.
• Un Dry Caraçao Tropical, différent de sa version originale, et de la récente édition au Yuzu, évidemment porté par.. les fruits tropicaux !

Vous l’aurez compris, une très belle après-midi en excellente compagnie sur la Barge.
Planteray continue son travail exploratoire sur les Single Casks, tout en maintenant des prix très attractifs, mais propose aussi des jus plus poussés pour les palais les plus exigeants.
Stade’s est promis à un beau succès, notamment chez les amateurs de sensations fortes, et je suis très emballé par les deux premières cuvées présentées. Enfin, la « sauce secrète » de la maison, ce fameux Hogo Monster, promet des cocktails d’une intensité jamais atteinte!

Un grand merci à toutes les équipes de la Maison Ferrand & leurs amis venus prêter main forte pour l’occasion, et plus particulièrement à Carole qui m’a invité, Angélique pour la visite de la Barge, et Lola (qui passe régulièrement dans le nord, soyez au taquet, les prochaines masterclass ont lieu sous peu au Caviste Curieux et Aux secrets des Vins).

Remerciement sincère également à Alexandre Gabriel, qui enchainait avec une masterclass à Cognac dans la foulée, mais qui prend toujours le temps d’échanger, et de transmettre son énergie, et sa passion !
C’est toujours impressionnant et particulièrement inspirant de pouvoir passer du temps avec lui.