Zero Nine Spirits : Whiskys, Eaux-de-vie & Gin (2025)

ZN09, suite des dégustations !
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Whiskys

Vous aimez le whisky français ? Je lisais récemment qu’il « manque d’identité » et s’éparpille un peu trop dans des styles divers, des fûts compliqués, etc. Bref, on n’a pas encore le terroir très représentatif des écossais, ça c’est sûr, mais personnellement je trouve que la diversité c’est une très bonne chose.
J’entame ce nouvel article avec 2 références en brut de fût, ça promet !

Wh10 – La Piautre 2022 tourbé – 60,4% – BdF

Quelques mots sur la distillerie La Piautre que je connais assez peu, mais qui m’avait fait bonne impression lors d’un récent tasting : « La Piautre réunit malterie, brasserie et distillerie sur un site unique, où nous maîtrisons toutes les étapes de fabrication artisanale de nos whiskies. Comme autrefois, nous faisons germer l’orge au sol avant de la brasser puis de la distiller dans nos deux alambics charentais. L’eau de vie est alors élevée dans nos chais. Avec le temps, elle devient whisky. La Loire est son terroir. » – https://lapiautre.fr

Sexy sur le papier, on va voir si les 3 ans dans un fût de Kilchoman (j’adore) ont fait leur effet.

Une tourbe terreuse, de beaux céréales, du caramel. Une pincée d’épices au nez, accompagnée de notes iodées. Agréable, sans être renversant.

En bouche, l’influence Islay est indéniable – et superbe. C’est équilibré, entre tourbe, fruits secs, agrumes, et des notes de poivre (noir, il me semble).
J’ai l’impression d’avoir quitté l’hexagone pour les plages de Machir Bay.

La finale suit globalement la bouche, bien dosée, les degrés ne se font pas plus ressentir que ça.
Légère chauffe, tourbe, cacao & fêve tonka. Longueur moyenne+.

Très beau whisky. Assurément un beau distillat de La Piautre, bonifié par ce fût de Kilchoman, ça marche fort ! Je crois bien qu’il m’en faudrait une bouteille – vu les notes de dégustations qui suivent, vous comprendrez vite qu’il faut que j’appelle mon banquier rapidement !!

Wh11 – French Blend – 59,2% – BdF

Un assemblage de whiskys français, l’un tourbé (le même que le Wh10?) et l’autre plus doux, vieilli en fût de muscat.

A l’ouverture du sample, comme souvent quand ça sent les céréales et le malt, mon cerveau pense bacon, noix de cajou salées. C’est un petit truc que j’ai remarqué lors de mes dernières dégustations, mais ce biais disparait après quelques minutes.
Avec aération, tourbe assez franche, embruns marins, une belle salinité encore une fois – j’aime beaucoup ça, que ce soit dans les whiskys ou dans le rhum blanc. En fond, un cuir léger se fait également ressentir.

En bouche, c’est riche, très gras. La tourbe est plus légère qu’au nez, les céréales sont toujours là mais me font un peu penser à du pain à la bière. C’est très cool, un peu chargé peut-être.

La finale relativement piquante sur l’avant du palais. C’est fort épicé, avec des grosses notes de muscade. 

Sympa, mais pas forcément mon style avec cette finale épicée. Autant j’aime ça dans le vieux Navy rums, autant sur le whisky je préfère une certaine douceur, ou plus de finesse.

Eaux-de-vie de bière

Bien que nordiste – et même si j’ai un peu délaissé le jeu de la bière craft depuis quelques années – je n’étais pas très rassuré à l’idée de me frotter à ces deux produits. Dans ma tête, l’eau-de-vie de bière, c’est trop céréalier, souvent sec, et l’alcool moyennement intégré – pour le peu que j’ai gouté. Mais bon, il faut savoir faire confiance à Alain et Grégory qui n’ont surement pas sélectionné et affiné ça par hasard.

Quelques détails sur le produit : « Découvrez l’exceptionnelle Eau-de-Vie de Bière de la Distillerie de la Piautre […] issue de la distillation d’un assemblage subtil de bières rousses et ambrées, puis sublimée par un vieillissement en fût de vin de Coteaux de l’Aubance ».

Est-ce qu’ils vont me faire réviser mon avis sur cette catégorie de spiritueux ?

Ev01 – Eau de vie de bière 2018 – 7 ans – 55%

Nez : Eau de vie, légèrement vineux, discrètes notes florales. , c’est relativement fermé, et difficile à cerner.

En bouche : c’est tout l’inverse, la rondeur du malt caramélisé enveloppe vite le palais, de manière chaleureuse. Des notes de pop-corn grillé et une petite sensation pétillante sur le milieu du palais, légèrement anesthésiante.

C’est gourmand, frais, avec une finale qui se tient bien.
Très loin d’être sec et trop céréalier comme je le redoutais. J’attaque donc le sample suivant avec entrain !

Ev02 – Eau de vie de bière 2018 – 7 ans – 55,5%

Nez : sensiblement le même que la 01, avec un trait discret de sirop d’érable, et de légères notées fumées.
L’aération et le verre à moitié vide ont continué de révéler ces notes fumées d’ailleurs.

En bouche, encore une fois c’est bien gras, mais une aromatique plus puissante & plus vive se manifestent tout de suite. Des notes de fruits du vergers, un côté fermier qui me fait un peu penser à du cidre.
Très intrigant, et très plaisant ce profil, peut être un peu plus complexe que le précédent.

Finale aussi longue, un peu sur la poire, et des notes toastées / torréfiées plus affirmées.
Verre vide, un bon chocolat au lait se dégage du verre. Top !

Sur la fiche produit, je ne saisissais pas d’où venait une telle différence gustative entre les 2 cuvées. Alain m’a apporté la réponse, la première est réalisée avec une dominante de bière ambrée, quand la deuxième fait la part belle à la bière rousse. Je n’aurai jamais cru que cela pouvait apporter tant de différence en bouche. Bluffant.

Verdict : très agréablement surpris par ces 2 eaux-de-vie. C’est fin, et même si le nez peut être difficile à décoder, en bouche ce n’est que du plaisir ! A vous de voir si vous préférez le caramel, popcorn grillé de l’Ev01, ou l’aspect plus fermier, fruité & torréfié de l’Ev02. Perso, je penche pour la deuxième option.

Gin

Quelle idée ! Un gin à 72%, passé plus d’un an dans un fût de rhum : sur le papier, c’est sexy.

Je ne me ferai pas d’amis en disant que le gin c’est souvent mal distillé & alcooleux, mais hônnetement c’est l’impression que ça me fait régulièrement – attention, il y a aussi de bons produits, il y en avait plein au salon du Gin à Lille d’ailleurs – mais je ne comprends pas pourquoi je sentirai plus l’alcool dans un gin à 40% que dans un rhum Neisson L’esprit à 70% par exemple. Bref, est-ce qu’à 72% je vais regretter l’expérience, ou est-ce que c’est un coup de maître de plus de la part d’Alain et Grégory ?

Gn02 – Gin en fût de pur Jus de Canne – 72%

Un nez envoûtant, les arômes du gin, le genièvre sont adoucies & complétés par des fruits exotiques, bien confits. Les 72% sont clairement impossible à déceler au nez, c’est plutôt bon signe.

Première gorgée timide… aucune morsure de l’alcool, c’est extrèmement bien fait. La gorge chauffe sans bruler, on dirait un bon brut de fût à 60%. Au palais, les baies & épices douces se mêlent à un flan au caramel, dans une texture bien huileuse. Ca colle au palais, ça reste très très longtemps en bouche, dans une finale légèrement sur le réglisse, le sucre roux et des notes de fruits exotiques.

Encore une fois, bluffé par ce que nos 2 amis nous proposent. C’est osé, mais tellement bien fait, ça pourrait se siroter pendant des heures. A re-tester avec un tonic cet été ? sans aucun doute.

Très honnêtement, après 3 jours de dégustations intensives & studieuses, je ressors ravi des produits proposés par Zero Nine Spirits. Ils m’ont sorti de ma zone de confort de la plus belle des manières, je me suis surpris à rêver d’une eau-de-vie de bière, ou d’un gros gin dingo au bord de l’eau. Côté rhum & whisky, tout est maitrisé, précis, mais ça vous me direz, on s’en doutait déjà.

Merci à Alain & Grégory de m’avoir proposé ces petits flacons, et d’avoir répondu à mes questions. J’espère que le succès sera au RDV pour ces belles cuvées qui méritent une attention particulière.